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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

••• É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞 °°°

Dernier Vertige avant l'Oubli.


Excellence de l'ex-Silence.

Publié par ¤Fil@ment¤ sur 14 Juillet 2010, 22:42pm

Catégories : #*Petits bonheurs simples*

  (Ti Sours - Nou na asé

 

                   Demain,  si tout va bien, à cette heure-ci je serai sourd. Au  fardeau de votre Silence. Usé jusqu'au bout des tympans, inutile au moindre son voyageur, je bourdonnerai du seul vacarme de mon désordre intérieur. Au dehors, chaque bruit que le jour induit sera emmuré, enfermé, retenu prisonnier dans la malette de cette heure-là. Celle qui vient à point pour survivre à la nuit qui aura su accoucher de ce silence infini, salutaire, à nul autre pareil. Et j'appartiendrai à cette prison, j'en serai même le bourreau, puisque je ne puis en être la victime : je me ferai extincteur de décibels. Mais je n'aurai qu'un feu à éteindre, et il a pour nom le passager qui sera assis à côté de moi, dans l'autocar qui est censé nous emmener au lieu de perdition estival. Car nous avons rendez-vous avec  l'Aurore. Qui pour une fois se produira au Crépuscule, et c'est encore le meilleur moment pour y mettre le feu : ô toi, ami passager qui me tiendras compagnie au milieu des paysages primesautiers et annonciateurs de l'Océan, tu ne m'as rien fait, pourtant tu dois mourir un peu. Le temps d'une comptine, histoire d'oublier pourquoi tu m'accompagnes. Et aussi, sans doute, aux fins de te rappeler, à ton réveil, quel vent de panique tu as vu souffler aux abords de ta valise, que j'ai souhaitée rouge, si rouge, mais rouge... De ce rouge qui flashe dans la nuit, en plein midi, lorsque seuls les insolents rêvent encore. Et tu n'as pas fini de rêver. Tu n'as pas fini de crever, et la nuit non plus. Et le silence itou.

 

Un autre café, sur le bas-côté de l'ennui, pour m'aider à dompter le temps qui défile au rythme des kilomètres que le chauffeur fait démultiplier dans le rétroviseur de mes souvenirs. Promis, mon ami, ce sera le dernier des cafés de cette marque. Après, je boirai du marc qui s'écoulera de ton corps, tout pendant que tu broies du noir de cet autre breuvage bretonnant. Inespéré que tu es d'être aussi soluble dans l'horizon de mes échéances perverties : moi seul sais combien ton nectar est salvateur et porteur de richesses maladives. Mais, j'y pense, tout-à-coup : as-tu pensé à regarder les bulletins météorologiques pour ces jours prochains ? Je ne voudrais pas qu'un orage s'abreuve à ta source, qui m'est réservée depuis que j'ai appris à te connaître dans la tombe que je t'ai creusée, à ton insu, pendant des nuits invisibles.  A ton insu, mais à ta demande néanmoins : nous sommes liés par omission. Plus d'un feu nous était commun dans cette vie, néanmoins j'ai choisi le moins flagrant pour te consumer de mon amour du genre humain; mon amour si dérisoire, si puissant, si inassouvi, et forcément si glacial : tu ne souffriras pas longtemps, à peine le temps d'expirer que tu auras eu tout le loisir de naître ailleurs, là où tu te dois  de conduire le monde à autre chose que sa perte. Et il est bien temps que je m'en préoccupe enfin : ce café est définitivement hors d'usage. Absolument imbuvable. Comme ces êtres que le présent courant offre à ma vue qui n'en peut plus de n'entendre que des vers semés aux vents inconstants. Voici pourquoi tu es  choisi.  Tu aurais dû les regarder, ces fichus bulletins de météo : ma tente s'envole, et mes derniers espoirs d'euphorie avec.

 ... Mais je n'avais même pas vu que nous étions arrivés à destination. Jusqu'au bout j'aurais manqué de lucidité, de jugeotte et d'esprit critique : qu'as-tu donc mis dans le café qui te fait office de sang, gredin ? Je n'ai plus le temps de te renier, la scène s'allume, les phares crépitent et les oies tricotent. Je viens dans ta mémoire, je m'emplis de ton silence, et je guette l'arrivée des muses élégiaques qui sont nées de tes excréments nocturnes. Il arrivera bien, l'instant fatidique où je ferai de toi un astre parmi des astres et des misères quotidiens. Ce n'est plus qu'une question de volonté. De bonté divine et d'agissements démoniaques. Combien je vomis sur ces concepts manichéens que le sort m'a inculqués à grand renfort de  cauchemards ! Nulle envie désormais n'aura prise sur mon besoin de te savoir plus vivant que ton silence élogieux, ta survivance léthargique, tes déboires émancipés : je te délivre de ta lumière, que je t'emprunte et que je ne te rendrai qu'en ton âme et conscience. Et, toi qui voulais voir le 'rendu' d'un monde meilleur, une journée seulement, nous y voilà, nous sommes rendus au lieu de rendez-vous. Réveille-toi, nous avons loupé le plat principal du menu d'arsenic que nous a concoté le programme diluvien de cet an pressé. Réveille-toi, et accompagne-moi encore sur la scène, j'ai presque peur de ne pas y trouver la muse alcoolique que je ne suis même pas sûr d'être venu chercher. Et, avec toi à mes bas côtés, la déception ne saurait être que moins grande, et la surprise plus ardemment feinte : accompagne-moi, encore, passager du silence, le billet d'entrée vaut pour deux, tu peux bien persister à vivre encore deux ou trois nuits, peu nous importe que nos rêves soient aussi évanouis que nos espoirs de voir ici un peu plus que le reflet de notre alchimie perdue.

Foutue météo. Elle risque de tout gâcher. Et puis, que de gens rassemblés sous une pluie d'étoiles à l'affiche du jour. Je ne vois plus rien que cette marée humaine qui s'enfonce loin dans les terres fertiles de l'aube marécageuse. Mais qu'ont-ils donc fait de nos entrailles ? Qui chante au loin, telle une sentinelle magnifique qui veillerait sur le troupeau de ses ouailles converties ? Ah oui, c'est vrai, nous ne sommes pas loin de l'Océan... J'en vois qui se chavirent les âmes à coups de dés plus ou moins pipés. Quelques donzelles en profitent pour se refaire une beauté au coin du jour, elles ajoutent du phare à leurs yeux achalandés par une faune cosmique, presque lobotomisée par l'au-delà. Et tout ce monde m'apparaît dans sa plus pure connivence mélodieuse. Et le temps s'invite au bal des désaxés, comme pour orchestrer la chute de trop d'étoiles scintillant en un même lieu. Et la nuit est joyeuse au firmament des soupirs éclairés par tellement de vigies qui veillent sur nos vies. Et je brûle de n'avoir pas pu me consumer avant l'éclat de cet appel. Qu'allais-je manquer en pactisant avec le jour d'en face ? Et la Sentinelle chante de plus belle. Et je semble aimer tout ce confort dépareillé, même si je ne me souviens plus si j'ai assez chaud pour réchauffer mon hôte malgré lui. Et... Où est-il passé, d'ailleurs ? Quelle météo est-il encore allé pondre ? Bon sang... Où sommes-nous à présent ? Quelqu'un le sait-il mieux que ces panneaux dans lesquels ils sont tous tombés ?!

 

Ce qu'il m'est agréable que tu aies consenti à voyager plus loin que tes besoins journaliers. Ce qu'il m'est égal que tu gagnes encore le droit de me poursuivre toujours plus loin dans la bêtise et l'inoui. Et, par-dessus tout, ce qu'il m'est totalement inconcevable que la route ici s'arrête, sans même un quelconque point de chute où capter la désertitude de poussière efficace comme constuire la Maison de Vivre. Absolument inconcevable, et je n'ai même pas une tente pour commencer un semblant d'habitat qui réussisse à froisser l'eau de pluie. Manteau thermique de l'effroi rivé sur l'épaule récalcitrante d'un demain qui nous effleure et nous nargue aveuglément, je te tends une dernière fois la main pour parvenir à te couper l'autre bras.  Tu n'as jamais rien compris à la musique qui me commande, encore moins au feu qui m'habite. A fortiori, au chemin qui m'y a mené.

Tu n'auras qu'à rentrer en stop. Si tu trouves quelqu'un d'assez fou pour t'offrir à boire le marc de ses veines.

 

 

 

 

 

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