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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

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Dernier Vertige avant l'Oubli.


La Voix du Salut.

Publié par Club Potemkine sur 14 Mars 2010, 20:49pm

Catégories : #*Petits bonheurs simples*

 

 

          C'est fou ce qu'il y a de monde pour saluer Monsieur Tenenbaum ce soir, qui doit valoir tous les soirs du monde. Il n'y en aura, a priori, pas d'autres.
C'est fou ce qu'il faut saluer comme monde quand on a un navire à quitter, faute de mer à démonter. Impensable, la vie que l'on passe à saluer de-ci, de-là, parfois de façon sincère, le plus souvent sans même s'enquérir du sort réel de ceux que l'on a salués. Quand on y songe, c'est totalement Dingue d'ironie et de sournoiserie. Et, finalement, c'est ridicule le temps que l'on perd à prêter sa voix aux facteurs par omission, comme si nous n'étions que des messagers sans courriers, sans nouvelles neuves et fraîches à délivrer, mais tout juste bons à débiter sans fin : "Salut, Untel, comment vas-tu ?" Oui, merci, je vais bien, je m'apprêtais justement à mourir. Voilà qui est fait. Bienvenue chez Jean, les gens ! Mais... tous ces gens ce soir, que diable ! C'est bien la première vois que vous me saluez, n'est-ce pas ? Que n'avez-vous attendu que je sois Horizontalement couché, fidèle Bicentenaire plus jeune que Deux enfants au soleil de Cuba ?... Vous disiez ? Ah oui : comment je vais ? Cela vous intéresse-t-il toujours ?! 


          Le temps que l'on passe à se perdre en saluts… C'est à y perdre la voix. A en perdre sa voie. Sa raison. Son salut, peut-être ? Et alors ? Pourquoi pas, après tout ? Car Monsieur Tenenbaum avait fichtrement raison : à défaut de pouvoir saluer utilement la terre entière, il a pris soin de nous laisser, juste avant la douleur du partir, un message.  Un message neuf comme l'antiquité du monde et aussi simple que les guerres dont notre engeance est coutumière : il ne suffit que d'Aimer, à en perdre la raison s'il le faut. Quitte à perdre son temps en saluts, autant y mettre les formes, et apporter sa voix à l'écho résurgent des appels incessants à l'amour du genre humain. Même si chacun sait que c'est peine perdue, et Monsieur Tenenbaum le premier : son père, s'il avait survécu à l'ignominie des siens, aurait témoigné encore plus humainement que son fils. Mais, qu'importe : "Paix sur Terre", et notamment dans nos Montagnes. Elles sont si belles, n'est-ce pas ?

          Ah, décidément, que c'est bon de voir tous ces gens... Ils sont en vie, là, et donnent presque envie à Monsieur Tenenbaum de crier encore de dessous ses draps à quel point C'est beau la vie. C'est tellement beau... Qu'importe si les Nuits de brouillard succèdent aux jours de brume; qu'importe si les mêmes nouvelles d'un monde sans salut se disputent A la une des sempiternels journaux ; tant que sur la terre de nos futurs l'On ne voie pas le temps passer. A cette nuance près que Monsieur Tenenbaum ne chantait pas pour passer le temps : il saluait les étoiles de l'espoir, et composer était son combat à lui, avec une armée de mots et de notes de musique à disposition. Bien sûr, le combat était inégal... Mais au moins a-t-il tracé sa voie. Sa voix, que saluent ces gens ce soir. Le salut par la Voix, la voie du Salut.

Alors au revoir Monsieur, ce que votre voix mérite son Salut. Elle au moins est digne d'être saluée, pas comme tous ces hypocrites qui vous avaient déjà nécromancié bien avant d'avoir étudié le son de votre voix : ils ne savaient même pas qui vous étiez ce matin, avant qu'ils apprennent la meilleure façon de saluer pour les caméras de télévision. A chacun sa voie, à chacun son salut, et au diable leur France, plutôt la vôtre : ce soir, elle sera la nôtre, Nous dormirons ensemble, en fosse Commune. Salut l'Artiste !

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