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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

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Dernier Vertige avant l'Oubli.


.Désordre du Mérite.

Publié par Lost Friend sur 1 Mars 2010, 16:17pm

Catégories : #Un tout petit mot ment.., #*Fou d'aises & foutaises*, #Souven@nces (), #{Des rasoirs dérisoires}

George Michael - "Killer/Papa Was a Rolling Stone" - (c) GeorgeMichaelOff via YouTube



          Adossée au mur du Songe, je fume une autre cigarette comme le temps enfume mes souvenirs. Si près des étoiles en plein jour, et fatiguée du vent qui hurle en ces lieux malsains, j'écoute la voix de mes enfants, au loin, de loin, si loin  de ces murs d'où des hommes et des femmes en blanc ne veulent pas me voir sortir. A défaut de pouvoir les voir, encore moins de les entendre, je ne cherche plus qu'à écouter leur voix. Je suis leur mère et j'ai tout fait pour ne pas entendre quand ils m'appelaient :  à présent qu'absolument tout le monde m'a abandonnée, je n'ai plus que la douce mélodie de leur voix pour me souvenir que j'ai créé ces voix-là, celles que j'ai trop souvent refusé d'entendre, parce que j'étais trop seule dans mon monde. Trop seule pour écouter autre chose que du silence. Trop seule pour participer au brouhaha régulier de l'autre monde. Je suis perdue semble-t-il... Mais j'ignore encore si je n'ai que ce que je mérite, ou si je mérite ce que je n'ai pas. Ou plus. Ou pas plus ; voire... 


       D'ailleurs, qu'est-ce que c'est, le 'mérite', au juste ? Rien d'autre que des obligations nées des choix qu'on a faits, je suppose... Tout ce que je sais, c'est que je suis ici, emmurée, et que mes enfants sont là-bas, si près mais en même temps si loin, mais de plus en plus si près d'être loin de moi, leur mère : voilà ce que j'ai 'mérité'. Et le mérite, finalement, en revient à toutes ces fois où je n'ai été présente que pour l'Absence, l'Incompréhension, le Silence. Je sais aujourd'hui qu'ils ne me le pardonneront jamais, et je ne peux, je ne veux accepter cela. Méritent-ils la mort pour autant ? Bien sûr que non : eux, pour le coup, n'ont jamais démérité : ce sont eux, les enfants, et c'est moi, leur mère.


          Pardon : c'était moi... J'ai cessé de l'être lorsque j'ai renié ma vie. Et par voie de conséquence, j'ai renié l'existence de mes enfants. Voilà mon seul mérite : avoir détruit ce qui pouvait avoir un zeste de sens pour mon âme en perdition. Ils auraient pu, ils auraient dû être ma boussole, mon repaire, mon seul repère; la bouée à laquelle on se raccroche quand on est en guerre contre soi-même; mais non, au lieu de cela, j'en ai fait des enclumes, des torpilles, des ennemis. Comment vais-je savoir mériter leur absolution ? Je n'attends pas qu'ils me comprennent un jour (non, cela personne ne peut, je l'ai enfin réalisé...) ; mais qu'au moins, ils continuent de m'envoyer le son de leur voix par-delà les murs glauques de cette chapelle des esprits torturés. Je n'ai plus que le souvenir de leur voix pour connaître le prix de mon silence. Et je n'ai même pas su mériter ce silence : je l'ai tué à coups de cachets mélangés à du nectar d'abandon. Ce qu'ils osent appeler de l'eau-de-vie... Mais quelle vie mérite qu'on y ajoute de l'eau forte pour y noyer son absence de vivre ?!? J'ai fait ça, aussi : plonger la voix cristalline de mes chers enfants dans un verre d'oubli, jusqu'à ne plus savoir qui ils étaient, parce que je refusais de savoir qui j'étais moi-même. Parce que je refusais de voir celle que j'étais devenue.


          Je le sais aujourd'hui : je suis une mère seule, presque indigne, abandonnée de tous, et surtout de moi-même. Mais je ne le reconnaîtrai que lorsque j'entendrai à nouveau la voix  de mes enfants autre part que sur la cime du vent. Et cela, je ne suis pas près de le mériter : je suis enfermée, et pas seulement entre ces murs de déréliction ultime.

          Je reviendrai, mes chéris, dussé-je pour cela recommencer à vivre et me rappeler qui j'étais avant de devenir un zombie même pour mon miroir : votre mère. Je n'ai jamais cessé de vous aimer. Et c'est finalement là mon vrai et plus grand mérite. Celui qui justifie que je sois encore en vie aujourd'hui, à tenter désespérément de voir dans le souffle du vent les messages d'amour de vos deux voix qui me manquent tant.

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P
<br /> Beaucoup à en dire.<br /> Mais je ne dirais rien.<br />  Car tu as dit, non, tu as écrit trop de choses dans ce simple texte.<br /> Les "non-dits", les "non-faits", tous les "non", je les retrouve au travers de tes écrits.<br /> Continue.<br /> A défaut de lecteurs, tu as quelqu'un qui "vit" tes écrits.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Non, rien à dire..<br /> Il y a lgtps que je sais que je ne changerai pas le monde.<br /> Salutations.<br /> PS : le Ch'ti, je pense qu'il a besoin d'encouragement de ses 'fidèles'.<br /> *_*<br /> <br /> <br />

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