Un quatre décembre sur la Terre, une année après celle d’avant. J’ai allumé ma tête, il en est sorti un écran de fumée, et je n’ai pu éteindre l’incendie qui a satellisé toutes les chaînes de mon âme : il me reste encore quelques synapses à programmer pour la nuit qui osera venir, et mon cœur se fait antenne amplifiée pour les émissions multi-rediffusées de mes rêves déchus. Tellement d’Eves se dandinent à l’écran de mon enfumoir. Mais j’ai dû rêver plus fort que la part hanse pour que l’Eve y danse. Alors qui viendra tourner le mât parabolique de mes errements érotiques comme de mes érotomanies erratiques ?! Las, il faut que je m’en souvienne : je ne suis que girouette, je ne suis que fantôme; j’habite la folie, qui habilite l’ennui, qui le rend à la nuit. Qui veut épouser mon fantôme ?
Et qui veut épouser mon foutoir... ? J’ai l’esprit dérangé au moins autant que ma chambre, finalement tout est au diapason. Il ne manque rien. Rien que l’essentiel. Au diable les télévisuelles images de mes transfigurations neuroniques en sursis, je ne dois retenir que l’infâme Beau. Et, pendant qu’ils procèdent à l’élection d’une miss France juste en face d’un marathon de donateurs de 'sms' surtaxés, je procède à l’érection de mes souffrances à la face pilée d’un peloton de nantis délaissés. « Tel est ton destin », me nargue la dernière chaîne restée allumée jusque tard dans l’ennui. Alors, qu’il en soit ainsi : que les belles dames se pavanent tout ce qu’elles ont de bel âtre à allumer, et que les belles âmes ahanent de plus belle sans que la populace s’inquiète de leur destinée. Le paraître l’emporte toujours sur l’être. Mais qui pour épouser ma folie humaniste ?...
…. Et qui pour épuiser mes fiches, mes manifestes, mes listes, mes requêtes, mes … Qui veut épier mon feuilleton ? Qui voudra effilocher Miss France ? Qui voit Eldorado mal finir ? Qui viande Éléphantôme me foudroie, et qui vomit E-tf1 me fortifie… Mais, qui, de grâce, QUI pour vidanger cette morbide fumisterie, cette merde funeste ?!? Qui vaincra élégamment morne fange….. J’ai, dans la bouche et dans les veines, comme une sainte envie de cracher sur les programmes, d’où qu’ils viennent : de ma télévision, ou de leurs politiques, qui n’ont de culturelles que la première syllabe. Qui voudra éponger mon front de toutes ces insanités, ces horreurs bestiales que ceux qui détiennent le pouvoir de transmettre le savoir n'ont pour seul savoir que de transmettre d'affligeantes animaleries grotesques, débiles et avilissantes ?!? QUI ???
C’était un quatre décembre, je n’avais rien d’autre à faire qu’à épuiser l’univers avec son propre épuisement permanent, son nivellement par le bas aguicheur, quand c’est en haut, définitivement en haut, que devrait se poser le regard. Pas sur les mensurations aussi parfaites qu’aseptisées des pâles poupées de décembre. Auxquelles je préfère, plus que jamais, cette Petite Fille de Novembre.
(J-J Goldman - Petite fille (c) uchlanyropucha via You-Tube)