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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

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Dernier Vertige avant l'Oubli.


L'autre moitié du Monde (8)

Publié par ¤Fil@ment¤ sur 15 Décembre 2012, 19:50pm

Catégories : #*L'autre Moitié du Monde*, #~*~ azur@etoile.net ~*~, #When You Are An Angel....

 

          Une bouteille de vin, rouge, que j'ai bue tout seul, une nuit. Du vin qui n'en avait que le nom : si je m'étais ouvert les veines pour en boire le liquide saumâtre qui en aurait jailli, sans doute n'aurais-je pas trouvé de différence. Mais en ce temps-là je n'étais pas encore assez vampire, ou cycliste en formation accélérée de dopé à son insu, pour seulement imaginer me faire une auto-transfusion. Du vin de piètre qualité, pour une piètre nuit, dans une piètre chambre d'étudiant, et des rêves plein la tête. Du vin et puis toi, venue de tous les nectars, disparue jusqu'à la lie, revenue encore, repartie de même, et tutti quanti, lacryma christi, et...

... Et ce vin, pur comme la chasse d'eau de mon taudis. Cette nuit-là n'a pas eu assez de minutes dans son escarcelle pour que tu écloses exhaustivement. Tu as neigé pourtant, l'intervalle d'une folie tapageuse, et rien ni personne, dans ce filament d'instant figé entre deux éclairs cosmiques que le monde croyait devoir craindre, n'auraient su t'arracher à ton socle de vouloir-exister. Ni la musique sortie des ondes d'une station qui diffusait en continu, sans la moindre parlotte, des airs du temps, jusqu'à l'aube et la publicité que le soleil se remettait à faire gratuitement au désordre du monde apparent. Ni les piles de devoirs auxquels j'étais supposé m'attabler, pour faire honneur à mon auguste statut de jeune à l'avenir tout tracé. Ni les plaintes et cris nocturnes des voisins, à côté, au-dessus et peut-être même en-dessous, dont je n'ai jamais su s'ils fabriquaient la prochaine génération d'humains ou s'ils trucidaient la précédente. Rien ni personne. Et surtout pas ce vin idiot, insalubre et ingrat, qui seul pourtant, ce soir-là, a eu l'heur de t'engendrer. Je me souviens avoir vidé l'intégralité de la bouteille de mes testicules sur le rebord d'une fenêtre ouverte sur un autre monde, au son d'un piano et de la voix suave de Tori Amos, qui s'évertuait à toujours moins se Sacrify que toi et moi ne le serons jamais. J'ai débouché une autre bouteille de rêves interdits quand elle a eu fini de ahâner ses frustrations, j'ai poursuivi les miennes, et je t'ai à nouveau rencontrée entre deux grammes de poussière en suspension. Tu t'es blottie au fond, tout au fond de nulle part d'où seul moi m'octroyais le droit de te dénicher, puis, pendant que la nuit alentour commençait à déchirer l'hymen du jour, tu m'as permis de faire encore l'amour aux étoiles, il en restait encore assez pour que tu vives. Combien elles furent belles à voir escalader l'échelle du temps où s'arriment autant de tes yeux. C'est alors que je me suis relevé de ce bureau estudiantin en simili merisier et arnaque véritable, et je t'ai aperçue, perchée entre deux lignes d'un curieux paragraphe d'obscures pages que j'avais eu l'outrecuidance d'intituler Nuits Planantes. Depuis lors, je n'ai fait que vouloir te déloger de tous ces grimoires, et je ne résisterai jamais à accepter de me faire si mal pour capter une fragrance d'éternité de toi. Capter le songe intemporel. Subtiliser ce qu'il me reste de cette nuit-là. Prendre. Un peu de ton silence, beaucoup de ta lumière, et presque rien d'Autrui. Du vin que seul moi sais boire. Un peu de ton nectar, beaucoup de tes effluves, et si peu de poison. Rien d'autre que curare.

(...)

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