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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

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Dernier Vertige avant l'Oubli.


Lu et à prouver. (Prélude à la série *L'autre Moitié du Monde*)

Publié par Fil@ment sur 23 Avril 2010, 04:39am

Catégories : #*L'autre Moitié du Monde*, #When You Are An Angel...., #~*~ azur@etoile.net ~*~

          J'ai encore lu quelque chose de toi aujourd'hui. De toi mais ce n'était pas toi, comme toujours. Un autre écrit, un autre texte poignant, posé par quelqu'un qui souffre au moins autant que les morts dont il parle, si tant est que les disparus aient à souffrir d'autre chose que d'inexistence. C'était toujours toi dans les brumes d'un rien qui dérange. Encore toi entre les gouttes d'un silence aérien, éthéré, presque plus chandelle que la lumière d'improbable provenance. Mais toujours toi, toujours. À jamais toi, perdue entre des lignes anonymes, blottie entre deux pages éphémères, lovée tout contre les rayons d'un livre universel. Puisque tu es dans tous les non-dits, les oubliés, les promises, les enfantés, les espérants, les désespérés. On ne parle que de toi, toi qui ne peux répondre à personne, toi qui n'as plus de réponse. Plus pour nous du moins, qui sommes de l'autre bord, le mauvais semble-t-il, irrémédiablement : nous vivons encore.

          Bon sang... Il ne faut plus que je te lise, nulle part. Plus ici. Plus ici où le désert darde si fort derrière le moindre décor où l'homme a cru bon installer l'artificiel et le superficiel. L'inébranlable instabilité chronique, permanente, définitive sans doute à force d'être quotidienne. Je ne renouvelle plus le néant où tu t'endors, je me contente à peine de t'y voir gisant aux quatre coins d'une page, d'une chanson, d'une prière. D'un partout qui ressemble tellement à nulle part, d'un ailleurs vers où convergent tous les départs, les arrivées, les statiques comme les mobiles. Un ailleurs sans frontières, un endroit où loger ce qui ne rentre pas dans les souvenirs. Un pays qu'on nomme Absence, mais qui n'accueille plus que ceux dont la mémoire se limite à la douleur d'avoir à se réveiller demain. Mon échelle du temps a depuis longtemps rejoint la tienne, la seule différence est que je ne suis voué qu'à passer dessous, toujours ; et toi dessus. Toujours. Je ne peux plus te lire depuis que j'ai cessé de t'écrire. On ne parle que de toi, et ça, ça me tue. Plus lâchement et plus insidieusement que ce qui t'a tuée, toi. Toujours. On ne parle plus que de toi, et je ne veux plus lire, ni entendre, ni voir. Tu es dans trop de silences, dans tellement de silences que j'en ai mal à mon cosmos. Mon mutisme forcené en prend plus de coups qu'il ne saurait en traquer. Meurs-moi avec toi, s'il-te-plaît. Que je voie, enfin, comment vivre mieux que mon ombre. Mieux que dans ton ombre. De l'autre côté. Dans cette autre Moitié du Monde qui m'appelle sans cesse à son chevet. Là où les vivants ne parlent que de nous même quand ils ont tout fait pour continuer à naître, vivre et mourir. L'Absence est ce pays où j'apprendrai à lire un peu de ta douleur. Toujours. On y fera des enfants pour qu'ils parlent de leurs géniteurs fantômes, et du déni de nos errances tendancieuses. On y fera des petits êtres furieusement sages pour qu'ils puissent, enfin et pour toujours, renier leur ascendance. Non, je ne lis plus. Je ne te lis plus du tout. Seuls les mots que me chuchote le silence prétendent encore  me parler de toi en taisant ton absence. Et ils se trompent de destinataire. Encore. Toujours. Je vis à travers toi, je suis toi, toi comme tant de milliers d'autres qui t'évoquent, t'invoquent et t'énoncent, sans jamais toucher plus loin que la poussière. Je suis l'Absente, et je file si vite vers l'inconnu que j'ai depuis longtemps dépassé mon ombre au milieu de toi. A bientôt.

 

(28 avril 2012. MàJ décembre 2022.)

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