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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

••• É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞 °°°

Dernier Vertige avant l'Oubli.


"... que tous nous veuille absoudre ! (1)" (*)

Publié par ¤Fil@ment¤ sur 23 Juillet 2010, 03:29am

Catégories : #Avenant aux con*trats... vaillants, #"... que tous nous veuille absoudre !"

 

          Ma robe était de pierre, et nouvelle fois venait-on de me violenter. A présent comme depuis toujours, je me porte volontaire pour n'être coupable que de mon obsolescence, par la Nature programmée, face aux moeurs rubicondes de mes amants de poussière, ces soupirants malgré moi. Ma cour à la fange abolie.

          De pierre succombe ma robe, douces sont les chimères au fond des bois dont je me fais prophétesse. Prostituée par le temps autant que par les diluviennes pluies d'un pays que je n'attends plus, je macule le front des hommes du signe athée de mon abstinence mutique. Je vogue, je suis fille des plaines, j'erre, et point n'est aisé de narrer la chienlit magnifique de mes souvenances élégiaques. Parfois je tombe, souventes fois m'élevé-je au-dessus des cous comme des coups de tous les guerriers de l'hymen inconstant, et toujours pourtant je m'absous. Et jamais ne ploie mon désir de chagriner le chant du vent lorsqu'il permet que tel crime puisse si puissamment être jalousé. De pierre est ma robe, de même est mon cœur, mais de cœur je n'ai point, n'en ai-je plus qu'en flocons de souvenances : il faudra bien qu'un lointain avenir vienne témoigner de son horizon d'allégeance à ma séculaire vindicte, sur l'autel salutaire de mon sacrifice originel.  Furie doucereuse de mon renoncement délibéré. Cartel inassouvi des jupons hardis. Ou souffreteux. Ou, simplement espérés comme tels, singulièrement déployés à la vue de l'ombre sourdine de jarrets musculeux : est-il besoin que je voie ces images en mon sein pour espérer me délester de leur poids nauséeux sur mon poitrail ? Nulle pudibonderie n'exerce assez de subterfuges pour empêcher le mensonge de calomnier le silence, et le faire se transformer en orgie de vérités premières, collégiales, avérées par la seule force de l'habitude.

          Le passant feint de ne croire que ce qu'il n'a pas vu, pas entendu, pas même osé supputer ; je nage dans ses horreurs camarades, tant qu'il se lève comme un vent autre de panique dans les folies de ces êtres de petite, si petite atmosphère. Je ne crains rien tant que je porte ma robe de pierre. Et, que je fatigue ou que je m'arrime à l'ignominie salutaire de mes semblables, je ne foule qu'un seul sol à la fois, pourtant j'existe sur deux, et même sur trois si je compte les abjectes espérances d'autrui. Que m'importe que l'on m'adule pour ce que je sauve de leurs entrailles scabreuses ; que l'on m'exècre pour ce que j'offre d'exubérance au chaste sable des lépreux cérébraux : je ne garde pour seule attache que la mesure de leurs infâmes promesses de prétendre faire de moi la prêtresse de leurs harems de peurs et de jérémiades. J'acquiesce aussi inopinément que je remonte mes divines guibolles constamment achalandées, je dis oui à toute insolation du bas-ventre, et je conçois - en pensée bien plus vite que leur sève - la manière, éprouvée par mes soins, de sans cesse assurer la reproduction des mêmes errements chérubins qui ont engendré les mêmes foules de solistes du neurone : je vaux bien mieux que leur rien, et leur rien me va si bien, tant qu'ils me laissent me perdre dans les bras de leurs jugements plus erratiques que mes ultimes désillusions arrimées aux quatre vents. Comme de pierre est ma robe. De pierre, ma robe. Il advient que je tangue parfois. Qu'en est-il des courbes de ce temps, sont-elles aussi émoussées que ces dessins qu'ils s'ingénient à triturer à la face de mon plafond lacustre, cet endroit tantôt sucré, tantôt cuivré, qu'ils infestent de leur respiration lacrymale, si prodigieusement hésitante au soir d'y dénicher un repaire de soumissions comme d'ostentations... ?

          Mon Dieu non, ils ne m'indignent point d'effroi, ils ne servent que leurs lents desseins d'ignorance, feinte autant qu'acquise. Leur ai-je jamais montré la moindre sentinelle de volonté, qu'ils finiraient bien par creuser le chemin de leurs victuailles post-mortem. Qu'ils n'aillent pas au diable : ils y sont déjà. Ma robe est de pierre. Ma robe est de pierre. Et priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Ils meurent tellement mieux que je ne saurai jamais le faire, qu'ils valent bien la peine que je sacrifie une ritournelle de leur souffle pour me reposer sur leurs ardeurs quotidiennes, ces poubelles de minutes et de secondes sans fin passées à éclipser ma peau au chaud soleil de l'hiver de ce pays où je n'avais jamais mis les pieds avant d'y mettre les reins. Un téton d'espoir pour ces bigorneaux de la sainte-ceinture, nonobstant je ne désire point encore qu'ils souffrent à l'heure du mouroir jovial, j'entends seulement qu'ils désirent leur mort aussi négligemment qu'ils ont béni mon corps lorsqu'ils l'ont si souvent oint de leurs saccades de formules lapidaires, christiques, sacerdotales. De leurs odes si consciencieusement spoliées sous le même ciel que celui de leurs dieux évanescents. Ils m'ont si souvent lapidée, je ne leur jette donc pas la pierre, ils ne sont que fous d'être sagement attentifs à leur manque de folle allure et de sages préceptes. Si sages dogmes pour hérétiques de la hanche étroite. Si lapidaire robe qu'ils n'auront pas le bonheur de transporter. Alors qu'ils persistent donc ! Qu'ils appellent le vin rustre qui sommeille en eux plus longtemps qu'ils ne respirent, plus goulûment qu'ils dorment, plus décemment qu'ils se lavent, s'en lavent les mains  comme les pieds : des ablutions de vertus aussi grandes que la prunelle de ma robe de pierre. Je veille au grain. Je les nourris, et je veille. Tant qu'ils prient un Dieu que tous ne veuille absoudre que ma seule imputrescible et indomptable robe. Mais, qui donc se chargera des oripeaux de leurs âmes, si j'ai pris soin de toujours recoudre les plaies de leurs folies ? Crainte n'ayez, fichtres âmes purgatorisées par la foudre des sueurs intimes de l'Univers en jouissance perpétuelle. Oyez seulement : je suis robe de pierre. Personne n'y peut rien. Il suffit à peine... À peine... Que tous nous veuille absoudre !...

 

(*) Extrait d'un célèbre poème de François Villon, La Ballade des Pendus, que j'ai tjrs bcp aimé, même s'il n'est effectivement pas très gai... *_*. Consultable  ici

 

 

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